Située dans l’univers dramatique de Jean-Pierre Martinez, Après nous le déluge prolonge ses préoccupations récurrentes : comédie engagée, mélange d’humour noir et de gravité morale, personnages ordonnés autour d’une situation-limite. La pièce occupe l’espace entre dystopie satirique et tragédie intime : elle place quatre figures archétypales dans un huis clos technologique qui devient champ d’expérimentation éthique. Martinez articule ici une scène collective (la communauté de l’Arche) et des micro-récits personnels (liaisons, conflits d’égo, choix de vie), privilégiant le dialogue comme moteur dramatique. La temporalité est double : l’urgence immédiate (départ, compte à rebours) et la grande ellipse (hibernation de seize mille ans), dispositif qui lui permet d’explorer la permanence des valeurs humaines à travers la longue durée. Le vaisseau fonctionne comme scène-métaphore : lieu de décision, d’épreuve et de mémoire. L’écriture dramatique conjugue réalisme technique (procédures, pannes) et images bibliques (Noé, déluge), inscrivant la pièce dans une tradition humaniste tout en la subvertissant par l’ironie et la cruauté des situations.
-
Type/fonction des personnages : scientifiques/praticiens (biologiste, médecin), technicien/pilote (ancien militaire), figures symboliques (idéologue/ascète). Chacun incarne une posture morale : le pragmatique (Paul), l’idéaliste radical (Alban), la scientifique hésitante (Virginie), la sensible conflictuelle (Ève).
-
Décor (valeur symbolique) : L’Arche est à la fois sanctuaire et dispositif de jugement : machine du salut et instrument des conflits moraux. Le silo fissuré, l’écran, les caissons symbolisent les failles de la civilisation et la fragile promesse d’un avenir.
-
Temporalité (époque) : futur proche/anticipation (catastrophe écologique achevée) puis temporalité longue (hibernation — saut de seize mille ans) : la pièce joue sur la compression du temps (urgence immédiate) et l’ellipse millénaire (conséquences long terme).